Ô Canada: deux hymnes, deux pays
- René Goyette
- 19 avr.
- 4 min de lecture

Au canada, l’hymne national en français est une réalité québécoise, en anglais une réalité canadienne anglaise. Deux hymnes, deux pays ?
Fête nationale des Canadiens français de 1880
Ô Canada, l'hymne national du Canada, a été commandé par le lieutenant-gouverneur du Québec Théodore Robitaille1 pour la cérémonie de la Saint-Jean-Baptiste de 1880, jour de fête nationale des Canadiens français.
Théodore Robitaille Adolphe-Basile Routhier Calixa Lavallée

Les paroles françaises ont été écrites par Adolphe-Basile Routhier2 et la musique a été composée par Calixa Lavallée3. En 1908, Robert Stanley Weir,4 juge et poète amateur, a écrit une version anglaise qui n'est pas une traduction littérale de la version originale en français.
La chanson, qui était à l'origine un chant patriotique canadien-français, est devenue dans sa version anglaise de plus en plus connue au cours des décennies et s'est ensuite imposée comme un chant patriotique populaire chez les Canadiens anglais, durant la seconde moitié du XXe siècle, remplaçant alors The Maple Leaf Forever. La chanson est adoptée officiellement en 1980 comme hymne national du Canada, et ne reprend que le premier couplet et refrain des versions françaises et anglaises.5

Ô Canada (français)
Remarques
Au départ, il est intéressant de remarquer que le premier mot du titre comporte une interjection de la langue française : Ô, exclamation qui exprime une invocation, une interpellation (« ô seigneur »). En anglais on l’a faussement traduite par O, alors que la véritable traduction est Oh.
Exemple : Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
Oh rage! Oh despair! Oh age, my enemy!
- Le Cid by Corneille
La phrase Terre de nos aïeux est aussi douteuse. Qui sont les aïeux d’un peuple qui a envahi les territoires des Premières Nations ?
Transpire du texte, la présence importante de la religion et de la royauté en cette fin du XIXe siècle au Canada. De plus, on note un passage qui ne peut qu’être associé à une réalité géographique québécoise (le fleuve Saint-Laurent):
« Sous l'œil de Dieu, près du fleuve géant,
Le Canadien grandit en espérant. »
La musique
Composée par Calixa Lavallée, la musique de l’Ô Canada semble avoir été largement inspirée par : La flûte enchantée, K. 620, Act II: Marche des prêtres.6 La Flûte enchantée est un opéra chanté composé par Mozart.
La flûte enchantée, K. 620, Act II: Marche des prêtres
Dès les premières notes, on remarque la parenté évidente avec le Ô Canada.
Traduction ou improvisation ?
La traduction anglaise de l’hymne d’Adolphe-Basile Routhier est un parfait exemple de la réalité franco-anglophone du Canada. Devant l’impossibilité de traduire une réalité franco-québécoise, l’auteur a dû improviser un texte qui n’a aucun rapport avec le texte original. Cette situation reflète bien le problème du pseudo bilinguisme de ces « deux solitudes » et rappelle l’adage qui dit : « Traduction égale trahison ».

O Canada (anglais)

L’hymne des Anglos
Treize ans avant l’apparition de l’Ô Canada, les anglophones canadiens se munirent d’un hymne national à leur image. C’est donc en 1867, cent-sept ans après la conquête britannique, qu’Alexander Muir,7 auteur-compositeur, poète, soldat, et directeur d'école canadien-anglais, a écrit le chant patriotique The Maple Leaf Forever pour célébrer la Confédération canadienne.

The Maple Leaf Forever
L’hymne de la britannicité
Quand on lit les paroles de l’hymne The Maple Leaf Forever on ne peut s’empêcher d’y détecter les couleurs du conquérant :
Les jours d'antan,
Du rivage de l'Angleterre
Wolfe, le héros intrépide vint
Et planta le drapeau de Britannia
Sur le beau domaine du Canada.
Qu'il flotte ici,
Notre fierté, notre orgueil
On devine que cette chanson n’a jamais été chantée (n’y traduite) par les francophones de l’époque. On y voit apparaître, sans conteste, le germe des deux solitudes qui perdure encore aujourd’hui.

Épilogue
Finalement, l’analyse des deux hymnes nationaux que possède un seul pays en démontre bien la dualité. Mélanger les idéologies, les façons de penser et les concepts latins à ces mêmes valeurs chez les Anglo-saxons est une aberration. C’est comme tenter de mélanger l’eau et l’huile, même en brassant fortement, les deux matières se sépareront toujours.
Conclusion, le bilinguisme canadien est une utopie que l’on a créée pour faire croire au conquis que leur langue et leur culture minoritaire auraient la chance de survivre. Mais le problème, c’est que les Canadians, en bons ancêtres britanniques, n’ont jamais fait effort pour comprendre cette langue française avec laquelle ils n’ont aucune affinité.
Merci aussi à ceux qui n’ont pas lu.
RÉFÉRENCES
1
Wikipedia - Théodore Robitaille
2
Wikipedia - Adolphe-Basile Routhier
3
Wikipedia - Calixa Lavallée
4
Wikipedia - Robert Stanley Weir
5
Wikipedia – Ô Canada
6
Wikipedia - La flûte enchantée
7
Wikipedia - Alexander Muir
Informations supplémentaires
YouTube - O Canada (fr)
YouTube - O Canada (an)
YouTube - "The Maple Leaf Forever" - Former National Anthem of Canada [1867-1980]
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